L’histoire aujourd’hui romancée d’Aenghus Cork fut tout d’abord une saga ; à l’image des eddas, ces recueils de poésie norroise qui vantaient jadis les exploits des héros nordiques, « Lughnasadh » s’est tout d’abord déclinés en alexandrins.
« Tout est parti d’un simple vers de douze pieds qui s’est imposé à mon esprit un jour d’errance dans le bush australien » nous confie t’il en souriant avec malice (Voir aussi notre billet « Comment tout a commencé »). Quelques jours plus tard, je quittais Darwin pour Cairns en bus. 41h00 de trajet sur des routes longues et assez monotones…C’est là que je me suis décidé à écrire un long poème, pour agrémenter le recueil que je composais à ce moment, d’une histoire moins intimiste que les précédentes. Comme j’avais visité le bagne de Port Arthur, puis le port de Hobart en Tasmanie, quelques semaines plus tôt, je tenais à raconter l’aventure épique d’un bagnard irlandais devenu ensuite chasseur de baleines au XIXème siècle. »
Pat Mc Murphy écrira 39 heures sans relâche sur du papier à lettres pour nous offrir un poème de plus de 160 vers absolument étonnant. Six mois plus tard, dès son retour de voyage, il commence ses recherches et se rend en Irlande pour la première fois. Le personnage du bagnard se transforme peu à peu en un héros portant à bout de bras les thèmes chers à l’histoire et à la tradition irlandaises ; le celtisme, les légendes Thuatha, le drame de la famine entre 1842 et 1845, l’émigration massive vers l’Amérique ou la condamnation de nombreux Irlandais dans les bagnes australiens, et surtout la force et l’authenticité des hommes et des femmes de cette Irlande authentique. Une longue période de recherches, de lectures et de rencontres commence alors pour l’auteur, qui se convainc d’écrire un premier roman très ambitieux.
« Il m’a fallu 39 heures pour écrire la saga initiale et quatre années pour rédiger le roman. Mais le poème tient une place essentielle dans la version romancée. Au début, il me servait de synopsis, je ne savais pas comment je terminerai cette histoire quand je l’ai commencée. C’est sans doute pour cela que le roman s’achève par le poème. Le fait qu’Aenghus le grave sur la pierre sacrée du dolmen est chargé de symboles. Cet acte marque la fin d’un cycle et le début d’un autre. Il appartient à l’Eternité. »
Pouvons-nous attendre une suite à cette fabuleuse légende ? La publication du recueil de poèmes ? Pat Mc Murphy n’a pas souhaité en dire plus pour le moment. Mais gageons qu’Aenghus Cork a d’autres secrets à nous révéler…